Les aînés et les victimes du cancer

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6-octobreLa Voix de l’Est, 6 octobre 2011/- Le sort des aînés vivant dans les résidences publiques et privées de même que celui des victimes du cancer font encore les manchettes.

Et ce, souvent pour signaler que ces aînés et malades n'obtiennent pas tous les soins et traitements requis, qu'on fait des économies sur leur dos et, au fond, que la société, dont les gouvernements, manque profondément de respect à l'endroit des gens fragilisés par le vieillissement et/ou la maladie.

 

En toute logique, difficile de contester que de nombreux aînés souffrent, mais pas tous cependant. Et il en est de même pour l'ensemble des victimes du cancer, qui sont aussi pour une large part confrontées à l'inquiétude de ne pas savoir si elles s'en sortiront et, le cas échéant, si le mal qui les assaille ne réapparaîtra pas un jour.

 

Dans une société riche et développée, ce qu'on dit de la nôtre, ça ne devrait pas exister. D'où de fréquentes et nombreuses critiques, des comparaisons avec le Danemark et le Japon qui vénèrent leurs vieux et dorlotent leurs malades, avec les chiens des chenils clandestins qu'on sauve, les animaux des zoos qu'on traite mieux, les livreurs de bière qui sont mieux payés que des préposés aux aînés et malades, etc.

 

Heureusement que les critiques ne sont pas toutes du même ordre et que leurs auteurs ne dérapent pas tous. Après tout, les moeurs ne sont pas les mêmes au Japon où l'on vit à plusieurs dans de petits appartements de surcroît. Quant aux zoos et maisons de bière, ce ne sont pas des nécessités et leurs services comme leurs emplois peuvent disparaître à tout moment. Voilà donc de mauvaises comparaisons, si frappantes soient-elles.

 

Les problèmes qui se posent dans les résidences pour aînés ainsi que face aux victimes du cancer ne sont pas simples à résoudre. Car ils touchent les résidences elles-mêmes et leur personnel d'une part et, d'autre part, la disponibilité des médicaments et du personnel ainsi que les coûts. Puisqu'on n'y consacre pas tous les gros sous requis, plusieurs concluent vite qu'on fait des économies sur le dos des résidents et malades, que l'argent passe avant la dignité et la vie.

 

Conçues à une époque où les cas n'étaient pas aussi lourds qu'aujourd'hui, plusieurs résidences pour aînés sont à rénover et transformer. On en a un bel exemple à Granby. Et au privé, il n'y a pas que des exploiteurs. Quant au personnel, si dévoué soit-il, il a de plus en plus à faire avec l'alourdissement de la clientèle et il ne peut être partout à la fois. Alors, ou on en ajoute ou on réduit le nombre de résidents, d'où des coûts ou la perte de lits. Ce qui n'exclut pas des fautes de la part des établissements et de certains membres du personnel.

 

Quant à la lutte contre le cancer, on doit regretter que d'excellents produits ou traitements soient exclus de ceux défrayés par l'État et qu'il y ait pénurie dans d'autres cas. La vie n'a pas de prix pour ceux qui souffrent du cancer. Ce qui se comprend aisément. Mais faut-il aller au plus coûteux si d'autres peuvent être efficaces? Sont-ils justement tous aussi efficaces qu'on le dit? Et reconnus aussi? S'il faut miser davantage en oncologie, d'autant plus que le mal gagne du terrain et qu'il est coûteux à traiter, cela peut-il se faire au détriment des fonds alloués au traitement d'autres maladies?

 

Au Québec comme ailleurs, la santé est devenue un gouffre sans fond. Elle bouffe, avec l'éducation et la dette, l'essentiel du budget alors que nous sommes fort endettés, que personne ne veut d'un alourdissement de son fardeau fiscal et que, pour reprendre une expression populaire, l'argent ne pousse pas dans les arbres. Nous avons à choisir entre: faire la sourde oreille aux attentes, dont celles des aînés et malades, repenser les services offerts et/ou accepter de payer le prix de ce que nous voulons de mieux qu'en ce moment.

 

Lien à l’article original : http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/opinions/collaborateurs/201110/05/01-4454658-les-aines-et-les-victimes-du-cancer.php

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